SÉRIE ENTREVUES
Psychologue expérimentée
Marta Manikowska a exercé la psychologie pendant près de 50 ans. Détentrice d’une maitrise en psychologie en Pologne, puis d’un doctorat (PhD) à Montréal, elle prit sa retraite en 2022. Administratrice au sein du conseil d’administration, elle s’implique toujours pour améliorer les conditions de pratique des psychologues.

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de devenir psychologue?
J’ai choisi cette profession assez tôt. À l’âge de 17 ans, je m’inscrivais à la faculté de psychologie, dans mon pays d’origine, la Pologne. J’ai toujours été intéressée par les autres personnes et leurs histoires, de plus, j’aimais écouter. Pouvoir mettre à contribution ces compétences dans le cadre d’un travail c’était très attirant. Mon intérêt s’est confirmé, quand j’ai choisi la psychologie clinique et suivi les stages dans les cliniques de santé mentale.
Quels sont les premiers enjeux que vous avez pu rencontrer?
Les premiers enjeux je les ai rencontrés dans mon pays, à l’époque le défi était de comprendre comment pouvoir aider la personne qui me consultait. Puis, au Québec se sont ajoutées les craintes d’être acceptée et comprise, malgré mon origine étrangère et mon accent particulier. Je suis toujours très reconnaissante à mes clients québécois de m’avoir fait confiance !
Quelles sont les principales évolutions du secteur que vous avez pu constater ?
Par les formations et conférences auxquelles j’ai assisté, ainsi que mes années d’expérience, j’ai constaté que la psychothérapie a tendance à se préciser. On parle davantage des objectifs et d’efficacité, ce qui n’existait pas avant, surtout dans les approches psychodynamiques ou humanistes.
Est-ce que la place des femmes a évolué dans le secteur ?
La place des femmes a toujours été majoritaire. En Pologne, en première année d’université, seuls 10% des étudiants étaient des hommes. Je ne sais pas combien d’entre eux ont eu leur maîtrise après 5 ans. J’observe, en revanche, qu’il y a une pénurie des hommes psychologues dans certains domaines où la présence d’un homme thérapeute peut être nécessaire.
Comment imaginez-vous l’avenir de la profession ?
Je pense que la profession se développera de plus en plus, notamment avec l’avènement des nouvelles technologies. Le besoin d’avoir accès à « un être vivant et présent » semble de plus en plus important. De plus, nos sociétés sont de plus en plus rapides et exigeantes, ce qui augmente fortement le sentiment de solitude, le stress et l’anxiété. Les besoins d’aide en psychologie, je pense, seront de plus en plus nécessaires.